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23 mai 2014 5 23 /05 /mai /2014 13:34

Publié le 07 mai 2014 par JÉRÔME PARIGI


Dia France compte 840 magasins


Selon nos informations, la vente de la filiale française du groupe espagnol Dia avance à grands pas. Deux favoris se disputeraient les 840 magasins et près de 2 points de parts de marché de ce réseau de soft discount.

Casino, qui pourrait ainsi donner à Leader Price une vraie taille critique, et Carrefour qui pourrait se renforcer sur Paris et dans le Sud.


C’est un serpent de mer depuis presque trois ans.

Et pourtant, la vente de Dia France n’a jamais été aussi proche.

Au siège du groupe espagnol, à Madrid, on se contente de répéter depuis un an que « toutes les options sont ouvertes » et on ne commente pas la réalité du mandat de vente confié à Bnp Paribas il y a quelques semaines.

Néanmoins, selon nos informations, le dossier avance vite, très vite même.

A tel point que FO Dia a publié mardi 6 mai sur son compte twitter : « Dia est sur le point de céder Dia France ! + de 7000 salariés concernés, 880 magasins, 9 entrepôts. »


« Ce n’est un secret pour personne que la situation de Dia est difficile en France, indique un proche de l’entreprise espagnole. Nous y sommes très isolés et nous n’avons pas la taille critique. Mais, contrairement à ce qui a été écrit, nous avons reçu beaucoup de marques d’intérêt et la cession devrait se faire assez vite. »

« On devrait connaître le repreneur fin juin », appuie, de son côté, une source française, proche des négociations en cours.


Les difficultés de Dia France, dont les 840 magasins ont vu leurs ventes fondre de près de 11 % l'an dernier et la perte opérationnelle se creuser pour atteindre 25 millions d'euros, n’ont en effet pas découragé tout le monde.

D’après nos informations qu’aucun des acteurs concerné n’a voulu commenter, Casino et Carrefour seraient désormais seuls en lice pour racheter la totalité du réseau français fort de ses 2,2 milliards d’euros de chiffre d’affaires TTC. Intermarché, un temps pressenti aurait renoncé.


Il est vrai que l’affaire ne se fera pas pour un euro symbolique comme certains analystes un peu enthousiastes ont pu l’avancer.

Ils s’appuyaient sur le fait que Dia aurait beaucoup plus intérêt à investir son précieux Capex en Espagne et dans les pays émergents qu'en France, où le hard discount est en déconfiture perdant plus de 2 points de part de marché cumulée depuis 5 ans selon les données de Kantar Wordpanel, dont 0,8 point pour la seule enseigne Dia.


Sauf que, même déliquescente, l’enseigne du groupe espagnol a une valeur évidente en France. A l’heure où la guerre des prix fait rage et où les bons emplacements se raréfient, difficile de laisser filer un réseau de 841 magasins et plus de 600 000 mètres carrés de surfaces de ventes (selon LSA expert) avec des positions très fortes sur l’axe Paris-Lyon-Marseille.


Selon les chiffres communiqués par Dia aux analystes financiers, sa filiale française revendiquerait 200 millions d’euros d'actifs immobiliers en France, plus 200 millions de fonds de commerce, auxquels s’ajoutent 100 millions de déficit fiscal.

Soit 500 millions d'euros d'actifs théoriques face à une dette d'environ 200 millions et 25 millions de pertes opérationnelles en 2013.

Dans ces conditions, un prix compris entre 150 et 200 millions d'euros pour un repreneur éventuel ne serait pas irréaliste.

C’est d’ailleurs dans cette fourchette que se situeraient les offres avancées par Carrefour et Casino.


Leader Price passerait devant Lidl…


Pour les deux distributeurs français, intégrer Dia fait sens.

Même si, dans les deux cas, la tâche s’annonce difficile et la restructuration délicate.

Casino qui veut se renforcer dans le discount semble le candidat plus naturel, sauf que la position déjà dominante des enseignes du groupe à Paris et dans certaines villes du sud et du sillon rhodanien l’obligera sans doute à de douloureuses cessions à la concurrence.

« Au moins une centaine de magasins », évalue un expert. Sans compter des unités qui pourraient fermer, dans le Nord et l’Ouest notamment.

Car le parc de Dia France est très hétérogène.

« Enlevez les 200 magasins en région parisienne, dont 90 intramuros, et les 300 unités dans le sud et il ne reste plus grand-chose », estime un autre expert.

Tout le Nord serait sinistré.

Par ailleurs, on peut s’interroger sur l’avenir de tout ou partie des 9 entrepôts de Dia France.

Les analystes financiers estiment déjà entre 300 et 600 millions d’euros, le chiffre d’affaires des magasins qui pourraient être fermés, pour des coûts de fermeture compris entre 60 millions et plus de 100 millions.

« Ca limiterait la part de marché exploitable de l’acquéreur à 1% », calcule l’un d’entre eux.


Voilà pour la théorie financière.

Dans la pratique, le jeu en vaut sans doute plus la chandelle. Jean Charles Naouri, actionnaire majoritaire et patron de Casino, martèle depuis trois ans qu’il veut donner une vraie taille critique à Leader Price et dépasser la barre symbolique des 1000 magasins.

Arithmétiquement, avec Dia plus les 134 magasins le Mutant en cours d’intégration (47) ou d’affiliation (87), la barrière serait même explosée.

Leader Price deviendrait la première enseigne de hard discount en France avec 1650 magasins et 1,25 million de m² de surfaces de vente, devant Lidl et ses 1570 unités pour 1,1 million de m² selon LSA Expert.

Très loin devant Aldi et ses 925 magasins pour 617000 m².


Face à cette implacable logique « industrielle », la candidature de Carrefour peut sembler plus surprenante.

Surtout que le groupe s'est séparé de Dia il y a trois ans via un spin off et une cotation à la bourse de Madrid.

Mais les vérités d'hier, en l’occurrence celles de Lars Olofsson, ne sont pas celles d'aujourd'hui.

Sous la houlette de Georges Plassat, Carrefour a prouvé sa capacité à se relancer en France et intégrer le réseau Dia à sa branche proximité, qui marche très bien, voire, pour certaines unités, à ses supermarchés, n’est pas dénué de sens.

Un projet de ce type aurait d’ailleurs été envisagé avant que les actionnaires de Carrefour ne poussent à la cession de Dia.

Il laisse pourtant sceptique cet expert pour qui « Dia est en grande majorité implanté sur des zones de chalandises discount qui n’ont pas le potentiel pour générer les 7 à 8 millions d’euros de CA d’un petit Market. ».

Mais le rachat permettrait aussi à Carrefour de se renforcer à Paris, où il vient de laisser passer le lot des 55 magasins que Casino devait céder, et dans le Sud Est, deux points faibles du groupe.

Surtout, cette acquisition renforcerait pour un bon moment le leadership de Carrefour en France, de plus en plus contesté par Leclerc.

Un point non négligeable en pleine guerre des prix.

Les deux candidats ont des arguments de taille, il leur reste quelques semaines pour convaincre Dia de leur pertinence…


Jérôme Parigi


Dia France, une enseigne en difficultés mais un parc attractif
841 magasins pour 607000 m² à fin avril (LSA Expert)
9 entrepôts
2,2 Mrds de CA TTC en 2013, - 10,9 %
1,6 % de part de marché alimentaire en CAM à mi-mars 2014, - 0,5 pt en 2 ans (Kantar).
16,9 % de foyers français acheteurs à mi 2013, contre 20,8% en 2011, près de 1 million de clients perdus en deux ans (Kantar d’après distributeur).
4 régions majeures, le sud-est, avec plus de 4,4% de pdm et 33,3% de foyers clients (mi 2013) ; le Nord avec 2,5 % de pdm, puis les régions parisiennes et Centre-Est à 2,2% de pdm (Kantar d’après distributeur).

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